VOYAGES EN ÉCRITURE |
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JOUER AVEC LES MOTS
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photo : Jérôme Briaud |
Choisir un thème? En besace, nous avons déjà : * Femme(s) * Fenêtre sur... * Promenons-nous... dans les bois * Semons nos rêves de cabanes * Salut les bouquins! * Oh la vache! * Cri-terre * Livres à coeur (en particulier adapté pour les bibliothèques) * Gourmanderies |
De ma
fenêtre ouverte, le cliquetis des chaînes braille dans le goulag.
Une berceuse déchaînée glapit, virulente, puis dégouline sur la
raille ; une bulle glaciale se déchaîne et rallie la quille
bleue, si décharnée qu'elle en pianote.
Michèle
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De
ma
fenêtre ouverte j'observe le cabaret étoilé. La ménagerie de la
pièce de théâtre ébouriffée rassemble pères et mères, pépères.
Ils boivent un pousse rapièce ou une vieille gnôle, mangent des
truffes et des tartes devant un peintre émérite et sa toile. Je
suis éblouie. Devant l'âtre buvant mon thé et mes tartines je me pousse ; hier encore... (j'avais vingt ans)... aïe je dérape, dans mon repère, j'erre, je nage, tournez manège, tournez la page... Et toi ? Et toi ? De ta fenêtre ouverte... Hélène
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De ma fenêtre ouverte je vois la fête foraine, la rue métamorphosée. Le
trottoir ne se prend plus le chou. Le zigouigoui microscopique du
singe rieur croque le roi. Le prince carré pique le micro endormi et
souffle fort. Le loup ventripotent sort de sa cabane, pour un choc
farceur. Le jeune crique fait un signe au quartet un peu tarte, et
zig et zou, l'inspiration ne chipote plus. Un baobab mime une prise
de tête. Y'a des rimes, des plouf, des flop, un boa cure le fer.
J'en suis baba ! C'est le soir et je n'en ai plus rien à faire
du tartre. Jacques |
De ma fenêtre ouverte la zénitude de génie dénie l'attitude angélique du chaland en lévitation sur la val serine, qui dévale vers l'ange en nage et à genou, jouant du clavecin mou sur le jeune daim. Dominique
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De la fenêtre ouverte , j'entends la fanfare avec ses tambours et ses
tam-tams. Un chien hurle dans sa niche. Les flocons tombent en rythme
sur le lac glacial de Sibérie et font floc, comme un calembour. Les
cigales et les sansonnets du Berry sont rares, comme les lys du
faubourg. Ça sonne dans la scierie où les cons bourrés ne sont pas
à la noce. Leurs fans rient et chinent en ce lieu où ils ont raflé
la bombe et la myrte du tombeau. Ils idéalisent et rêvent car ils
sont lésés pour élire sans faire de floc. Jacqueline
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De ma
fenêtre ouverte Dégouline le gris fallacieux de la rime De ma fenêtre éclair Moulinent les turbines De ma fenêtre grisette Usinent les falaises De ma fenêtre qui claque< Ronflent les rhumes en tapinois De ma fenêtre effraie Passe le métal fou de toux De ma fenêtre ouverte Les moulins aux gants blancs déchirent le frimas
Véronique
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De ma fenêtre ouverte et dans l'éboulis, un renard argenté, un chat miniature dans la rue grouillante, le désert de Saxe et la stratosphère en italique. Janine |
De ma fenêtre ouverte j'ai rangé au sommet du Colisée une boule de neige, un moulin rose, une motte de moules triées et j'ai respiré la valse dorée des mers rouillées déferlant dans le torrent. Sur un lit de neige, les vers luisants tourbillonnaient tous au concert des elfes dans la prière du printemps. La boue en mains, un vertige ciselé a poussé trente étrangers dans la soute rouillée sans un cri. A l'étage, Madame, la femme du Régent, sans ciller a tourné la tête et fermé la fenêtre vermoulue. Le loup de bise resté "vert de gris", flaira les pierres de cette vision, à l'ouest, et partit à la nage. Claude |
De ma fenêtre ouverte ça fluctue. Je vois un rocher hurlant. Une sorcière un cierge à la main transpirante, dégoulinante, jouant du rock métal en hors d’œuvre. En gest star gigantesque nous avons Véro un vers luisant à la main. Coloré fut le show en coulure, recollés les morceaux. En écho une coccinelle sur l'épaule lui répond : souffle sur une bougie comme un vent joueur, attise la mélodie en cascade de notes. La fenêtre dégouline de mon vent intérieur et se transforme en concert improvisé dans une cuisine avec (on dirait) un accordéon. Christian |
Les fenêtres nous guettent dans l'énergie magique de la transe : dans sa yourte, au fond du jardin, le chaman cadence son tam tam : c'est un feu follet imaginaire qui toque le détour de l'aire sonore. Une conscience aiguë de pureté m'envahit. Francis
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Avec une rage de libération par une grande bouffée d'air, je revis. Je frappe la matière boudeuse qui me donne une gifle de feu. J'essaie de matérialiser la boue. Je prends de l'essence pour faire un feu qui donne une elfe immense. Tel un mulet magique qui donne des coups de sabots dans la mangeoire, énervé à cause de sa vieillesse. Il souffle et transpire sang et eau. Il est lent et fait mine de bouder. Pas facile d'arrêter de bouder ! Sophie |
Les fenêtres surveillent les planches qui brûlent et qui chantent jusqu'à être en transe. Hercule qui circule, reluque, se penche, cherche ce crépitement alors qu'apparaissent des mitraillettes en plastique à eau gazeuse que manient les enfants... qui éteignent les planches de le fenêtre en feu. Bruno |
Les fenêtres sourient comme des virgules en culbute. Une marmite bouillonne au fond du jardin. La minuscule sorcière est intriguée par ce chaudron en explosion. Elle est envoûtée par une odeur de musc. Ses muscles sculptés ne reculent en rien devant tant de magie. Depuis le cul des fenêtres, elle entend un chaman qui tape sur son tam tam. Tam tam tam tam tam tam. Jade
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Les fenêtres chantonnent. Elles murmurent une berceuse laiteuse givrée de miel. Jusqu'au coin du fourneau qui ronronne, les bras de ma mère m'entourent. Je me blottis contre son sein dans les éclats d'un feu d'artifice multicolore. Je crépite d'innocence contenue dans le feu de l'entourloupe. Je culmine en pailleté d'or, la toque de traviole, ma peux d'ours velours retournée en enfance. Véronique |
photos : Jérôme Briaud
Promenons-nous dans la plaine du plaisir Pendant que la boussole perd le nord Si le feu est allumé Il nous fouette les bottes Mais comme feu la bouteille d'eau Il ne lève pas la peur du loup
Judith |
Promenons le chat leurre sous la cascade Pendant que la chaleur de l'allumette est noire Si le couloir dans le château d'Angers est plein Il nous enverra en string sur le ring Mais comme l'hydre à datation a la sérénité dépitée Il nous fera perdre ne nord
André |
Promenons-nous au milieu du feu Pendant que le loup de sept saisons mange la peur de l'ogre S'il y était il nous fusillerait Mais comme il se cache-cache Il ne nous lacérera pas
Adam |
Promenons-nous sur la terre Pendant que l'ogre n'y est pas Si l'ogre nous voit Il nous mangera comme des fusils Mais comme le pic vert chante Il ne fait pas le pitre
Rayane |
Promenons-nous avec la boussole à perdre le nord dans une éclaboussure de lumière Pendant que la mule mange
des couteaux et joue à cache-cache sur la plaine des plaisirs Si le vent en emporte
autant sur l'entonnoir d'eau noire Il nous serinera aux sept saisons de l'automne Mais comme je craque une allumette de surprise dans la chaleur d'une cerise Il ne boira pas la casserole éclaboussée au lasso mal mené
Véronique |
Promenons-nous dans la cascade de feu Pendant que le chemin est ouvert Si les animaux noirs cachent la casserole Ils nous donnent la boussole à perdre le nord Mais comme ils sont perdus dans un fusil de chasse Ils n'ont pas peur de manger des ogres
Samia |
Pendant que la casserole entre dans une bouteille d'eau Si l'allumette des chaleurs froides boit un verre d'eau noire Il nous fera fouetter des bottes, l'ogre Mais comme la chaleur s'est perdue dans la bouteille d'eau Il ne saute plus haut que la cascade dans le couloir de l'entonnoir
Thomas |
Promenons-nous dans mon rêve Pendant que je cherche ma boussole Si ma boussole n'est plus là Il me faudra appeler mes amis Mais comme ils sont partis Je reste sous la pluie
Jocelyne |
Promenons-nous
sur le chemin de feu troué de bonheur et tristesse Pendant que le sang chaud réveille la couleur de l'eau Si un invisible paravent glissait sur le chemin de la vie Il gracherait la bataille d'eau en tristesse Mais comme le bruit de la rivière rencontre des éclats de ciel Je me réveille cœur de velours
Josiane |
Promenons-nous dans l'allée de la vie protégés par les arbres Pendant que la mauvaise sorcière trouée chemine sous les oiseaux cacheurs de ciel, le sol vibre et va s'ouvrir sous mes pieds Si les oiseaux me posent un voile sur la tête, l'amour éclate dans le ciel Il est chemin de feu, dans la méchante solitude Mais
comme des coussins au cœur de velours, les feuilles bruissent et se posent sur le chemin de feu sous les éclats de ciel Je chemine dans l'allée de la vie en extase solitaire sur le chemin de feu sous
les éclats de ciel
Laure |
Pendant que le sang chaud égare l'arbre au cœur de velours Si
la couleur chaude des allumettes réveillait la bataille d'eau Elle transformerait le bonheur en tristesse Mais comme les oiseaux déposent un voile sur ma tête Je glisse derrière l'invisible paravent sur
le chemin de la vie
Josiane
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Promenons-nous sur des feuilles de couleur Promenons-nous sur un chemin de fer Promenons-nous avec un geai allumeur Promenons-nous avec une brosse en fer
Pendant que la sorcière chasse l'amour à coups de dents Et fait bataille d'eau avec les tyrans
Si son chignon troué déboussole le ciel Il chassera l'amour à coups de soleil
Mais comme des éclats de plumes dorent le ciel Je me suis perdue au sud de la veille
En
crêpant le chignon de la toute vieille Sophie
et Véronique |
photos : Pierrette
Tournier et Véronique Pédréro
J’ai
longtemps habité une chaumière de soleil, sous les genêts d’or
qui exhalaient le parfum tenace du roudoudou de mon enfance.
Marilyn enveloppée dans un châle frangée d’or, j’ai cherché l’étoile sacrée, la clé de mes songes d’antan qui puisse m’entraîner jusqu’au ballon rouge de mes jeunes années. J’ai
eu peur, j’ai eu froid, j’ai glissé sur la pente noire… Et
puis j’ai accepté le silence, je suis devenue un ange, et ma vie a
retrouvé son inclinaison de fougère, sa douceur luxueuse et ses
courbes plaisantes… sous les genêts fleuris. Michèle
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J’habiterais une maison COCOONING avec un grand secret si je pouvais… Mais quel secret ?
Non… moi j’habiterais une maison COCOONING pleine d’amour et d’amitié, au milieu des bois. Ce serait un blockhaus de fleurs, un tope-case para solaire. Dans ma cabane, il y aurait un parasol, un barbecue pour griller les chamallows. Et puis…. Il y aurait un secret… dans une boite métallique où traînent des croquants craquants en nougatine sucrée d’une vieille pièce montée… Tout ça, dans ma boite métallique où je garderais mon secret… enfin si j’habitais une cabane COCOONING… enfin si j’avais… si j’avais un secret à cacher… Allez, je suis allée au bout des mots bavards, et je retourne à ma vie qui doucement retrouve son inclinaison de fougères. Annelyse |
J'habiterais au fond des bois, ma petite cabane de vent, là où les pays s'inventeraient là où la terre battrait sous moi là où les feuilles seraient pareilles aux pierres Ma petite cabane toute ronde, faite d'air et de terre, et toute de guingois, tranparente, légère. J'habiterais parmi les louves, les ogres, les colibris et je jouerais avec la sorcière qui m'aiderait à monter ma petite cabane dans le chêne ancestral si souriant et accueillant. Pour la Nuit des Lutins, je changerais la déco et nous jouerions, sous la petite boule de cristal suspendue au fil de la vierge, accrochée aux branches fleuries du toit. Et s'il y avait un rabat-joie, je serais relève-joie, là où les pays s'inventeraient là où la terre battrait sous moi là où les feuilles s'envoleraient pour devenir oiseaux de paradis Laure
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J’habiterai,
Lorsque j’aurai quitté mon rêve floconneux, Dans la hotte à pompon De ton cœur moelleux.
Bonbon du mercredi, frais et acidulé,
Parfum de soupe à la carotte, Hiver gourmand et jardinier, J’habiterai une chaumière à délices Aux rideaux jolis, Tressés de langages colorés Où mon secret brûlant, Gourmand à souhait, Ne sera jamais dévoilé ! Nathalie
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J’habiterai, pour le chaud d’un été fait de ciel et de miel, Dans un tipi tout de guingois Tendu de dentelles de lichen. Je taguerai mon silence sur une natte trouée. Je regarderai par le soupirail, loin, au-delà de la poussière des dunes, la douceur du ciel noir hanté de mille étoiles. Je veillerai , étendue dans la liesse moelleuse d’un édredon profond. J’écouterai alors mes rêves se peupler se tisser de couleurs, de musiques Et de mots.
Françoise |
Moi je sais
J'habitais un rêve merveilleux Abri de coton et de crayons J'habitais un rêve mielleux On nageait sur les murs On dormait sur les toits Joli délire barbapapesque
Éveil dans le grouillant des heures Le songe s'est arrêté Raz de marrée dans l'âme... Mauviette aux jambes guimauves Livrée en pâture aux loups
Comme d'autres, je tracerai des lignes infinies entre la mémoire et l'oubli J'habiterai sous l'écorce du temps dans la caresse du silence
Lucile
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J'habitai une cabane pleine de secrets, une cabane carrée sans fenêtre, ni porte, ni toit. Un arbre poussait au milieu de cette cabane. Cet arbre me protégeait de cette liberté tant recherchée. Mon ours était revenu. Je l'avais retrouvé. Je lui parlais, il ne me répondait pas, mais il me comprenait. La fée Clochette vint me faire plein de caresses et de bisous dont j'avais été privée. Les oiseaux se mirent à chanter, le soleil brillait et Je repartais vers une nouvelle Vie. Je regardais une dernière fois cette cabane qui avait écouté mes rêves me faire oublier les allées de mon passé. Cette cabane appelée liberté, restera toujours gravée en moi. Jocelyne
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Véronique et Sophie
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J'habite pour...
J'habite l'espoir d'un cocon de mousse enflé aux souffles de la nuit J'habite des voilures qui colorent la soupe poivrée aux grimaces J'habite le molleton solide des mots à hic J'habite le paréo moiré des farniente d'été J'habite les vapeurs de Chianti antique
Pour que ne piquent plus les sifflements qui enferment les joies Pour ouvrir une brèche dans la coque des soupirs Et tourniquer sur les planches Véronique
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Parfois je rêve que j’habite un palais andalou aux dentelles de pierres Au milieu d’un jardin où les arbres chuchotent des secrets Où les racines bruissent dans la terre humide Où les fleurs explosent de lumière…
Parfois je rêve que j’habite une cabane grande comme un timbre-poste Petite… Si petite ma cabane ronde au fond du jardin minuscule Bonbonnière aux couleurs d’abricot Comme une coquetterie acidulée…
Mais je n’habite nulle part Et quand je me réveille au chant du coq Je sens la rosée de la nuit sur mon front
et j'ai froid...
Pierrette |
* Gourmanderies : A partir d'un atelier imaginé par Marie Laurenzin, Véronique a fait sa tambouille pour vous proposer une formule qui vient juste d'être vécue chez Sophie, à St Martin d'Hères.
Langues de Bruxelles au sucre et au nacouchar
Recette
de Jocali
Barboter avec étonnement une main de sucre
Sniffer une source de parfum jusqu'à la nausée Derrière la maison, fumer un cargo de métan, à la façon de Hans et Gretel Après le caté, mélanger le tout lentement et ajouter les pets de nonnes en fête Scruter l'explosion avec 3 escargots en rut Incruster les maisons de noix jusqu'à étouffement Savourer le moment d'enfance
Lise ; Jocelyne & Ida
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Vœux d'âges de Soveïe
Sniffer les escargots en grabuge
Amener un voyage de douceurs Farcir l'explosion de parfums bien cuits avec du pin amer Friter les Korrigans étoilés Ajouter des pets de nonnes en confiture Éclaircir promptement les lésions désagréables et les noises intruses Goûter la boue de naines avec les narines Incruster le curé ratatiné dans la gratinée de sorcières Sucrer la montagne de rires et de soleil Assagir l'étoupe dans le délicat cargo Faire tinter la langue d'épouvante pour les enfants étonnés Et... souper Sophie et Véro
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... Délicieux moments où les mots nous emmènenent en voyages ... pour écrire encore et encore ... ... sans modération Une idée pour prolonger le plaisir : "Tisser les mots", un blog original autour de l'écriture créative, imaginé par Nicole Loynet http://tisserlesmots.blogspot.fr/ |