LES CONTES


Le Roi


 

Un roi richissime. Il n'a jamais trouvé de femme avec qui se marier parce qu'il est orgueilleux et ne partage rien. Le peuple finit par se révolter et le roi est chassé de son royaume. Il doit aller de plus en plus loin dans la forêt car son histoire est connue à des lieues à la ronde et tout le monde le fuit.

En chemin, il comprend le mal qu'il a fait à son peuple. Les paysages qu'il découvre sont désolés, sans habitation à proximité. 

Il marche, commence à avoir faim, sent son ventre creux.

Un soir d'automne, à la nuit tombée, il voit une fumée. C'est celle d'une maison. Une vieille femme qui a une verrue l'accueille. Elle n'a plus qu'un petit morceau de pain et veut le lui donner entièrement. L'ancien roi accepte le pain à condition de le partager tous les deux. De fait, la vieille annonce que son peuple ne souffrira plus jamais de la faim parce que les champs de céréales donneront de belles moissons.
Elle prononce la phrase suivante : "Ici tu m'as rencontrée, avec moi ton pain a partagé, désormais dans ton pays les récoltes ont poussé, le souffle du vent saura t'aider."

Il marche, il marche... En chemin, il comprend d'autant plus ce qu'il a fait à son peuple qu'il commence à grelotter, malgré son épais manteau de fourrure.

Un soir d'hiver, tandis que le vent est glacé et qu'il n'y a aucun endroit où il puisse s'abriter, le roi, ayant déjà un peu de barbe et les cheveux longs, rencontre une vieille femme à la dent noire. Elle a très froid et elle tremble. Le roi lui donne son gros manteau de fourrure.
Elle prononce la phrase suivante : " Ici tu m'as rencontrée, tu m'as donné ton gros manteau pour me réchauffer, désormais dans ton pays le climat s'est radouci, le souffle du vent saura t'aider."

Il marche, il marche... En chemin, ne voit que des ruisseaux et rivières asséchés, des sols craquelés, et il songe encore plus à son peuple qu'il a épuisé...

Un soir de printemps, le roi sent sa barbe touffue le démanger. Il fait beau et commence à faire chaud. Il a très soif. Il trouve un puits, presque vide. Il peut tout juste remplir sa gourde et commence à boire lorsqu'une femme arrive. Elle a une méchante cicatrice dans le cou. Elle a soif. Il cesse de boire et lui donne le restant de son eau.
Elle prononce la phrase suivante : " Ici tu m'as rencontrée, ton eau tu m'as donnée, désormais dans ton pays les rivières sont remplies, le souffle du vent saura t'aider."

Il marche, il marche et par un beau jour d'été, lumineux et chaud à souhait, tandis que le vent souffle, il croit l'entendre dire qu'il est temps de rentrer dans son pays. Il décide de retourner dans son château, prêt à affronter son peuple.
Mais tandis qu'il atteint son royaume, il voit les champs verdoyants, les rivières bouillonnantes et sent un vent doux le caresser.
Il voit des gens s'avancer et lorsqu'ils sont près de lui, ils s'inclinent avec respect.
Ils ont entendu le vent leur rappeler ce que leur roi avait réalisé, comment il avait fait preuve de générosité et de compassion à l'égard des femmes qu'il avait rencontrées.

Dès lors, le roi s'installe à nouveau dans son château.
Quelques mois plus tard, tandis qu'il marche comme il en a pris l'habitude dans cette histoire, il voit une jeune femme à terre dont le visage est couvert d'un voile. C'est alors que le vent se lève et emporte le voile qui s'envole, découvrant une femme portant une verrue et une cicatrice semblables à celles qu'il avait croisé sur son chemin d'exil. Elle était si courbée qu'elle a eu du mal à se redresser. Le souvenir de ce qu'il avait vécu revient à sa mémoire. Il sent l'amour gagner son coeur et décide de se marier avec elle.

Depuis, dans ce royaume, plus rien ne vient à manquer : ni le pain, ni l'eau ni la douceur du climat. Cela fait de ce pays un endroit où il fait bon vivre.