Le Chaperon Rouge chinois

Il y avait, au pied de la montagne Funiu, un petit village où habitait une vieille dame.

Un jour, ayant entendu dire que sa fille et son gendre n'étaient pas à la maison, la vieille dame prit sa canne et se mit en route pour aller voir ses trois petites-filles, avec, dans son panier, des pains farcis et des galettes frites.

Il faisait très chaud. Après un moment de marche sur le sentier de la montagne, la vieille dame fut trempée de sueur. La maison de sa fille n'était plus très loin. Elle posa le panier et voulut se reposer un peu. Tout d'un coup, elle entendit un souffle lourd venant d'un petit bois tout proche. Un loup gris apparut. Il se dirigea vers elle et lui demanda, en faisant des manières :

La vieille dame lui jeta un pain farci, le loup ouvrit la gueule, et l'avala. Il en réclama un autre. Il l' avala aussi vite que le premier. Puis :

Le loup gris se redressa, s'étira. Il dit encore, en découvrant ses crocs :

Il se jeta sur la vieille dame et il la dévora. Quand ce fut fait, le loup gris mit son vêtement, prit le panier, la canne, et ainsi déguisé se dirigea vers la maison des petites-filles.

Parvenu devant la maison, il s'assit sur le mortier à riz pour cacher sa queue, et se mit à crier en imitant la voix de la

grand-mère :

Les trois petites soeurs demandèrent :

La cadette aussitôt voulut ouvrir à sa " grand-mère ". L'aînée l'en empêcha. Par une fente dans la porte, elle regarda. Elle vit au clair de lune un être lourd et sombre. Elle cria :

Entendant cela, grand-mère loup murmura: " Que le vent du nord-est me colle des écorces de sarrasin sur le visage. "

Il ramassa une écorce par terre et l'aplatit sur sa figure. A nouveau il cria :

La seconde fille vint à son tour risquer son oeil à la fente dans la porte. Elle vit un grain de beauté sur le visage de la " grand-mère ", mais elle n'en fut pas satisfaite. Elle cria :

Grand-mère loup murmura : " Hirondelles du sud, hirondelles du nord, apportez-moi des bandes molletières! "

Il ramassa des feuilles de sorgho, les colla sur les pattes. Il avait alors des bandes molletières. Il se remit à crier :

La cadette à son tour risqua son oeil à la fente dans la porte. Elle dit :

Crac! Elle ouvrit la porte.

Grand-mère loup entra dans la maison, s'assit sur un seau pour y cacher sa queue, et dit aux petites-filles :

Menda' r répondit :

Menbi'r répondit :

Saozouguduo'r lui dit :

La cadette se coucha. Elle tendit sa jambe vers sa " grand-mère ". Elle toucha quelque chose qui lui parut être de la fourrure. Elle demanda :

Les deux aînées avaient toujours des doutes. Elles n'arrivaient pas à fermer l'oeil. Vers minuit, elles entendirent un craquement d'os broyé dans le lit où dormait la "grand-mère". Menda'r demanda :

Le loup lui jetait un morceau. L'aînée prit ce morceau. Il était collant. Il y avait un dé en cuivre au milieu. Elle comprit alors que c'était là un doigt de leur grand-mère que le loup avait mangée. Il venait maintenant les manger, elles, certainement. Elle murmura quelque chose à l'oreille de Menbi'r, puis elle réveilla sa soeur cadette Saozouguduo'r.

Après quoi, Menda'r cria :

Menda' r accepta. Elle descendit du lit. Elle prit une corde

et sortit. Un moment après, Menbi'r cria :

peux pas, le dieu du lit m’en empêche.

Menbi'r accepta, descendit du lit et sortit avec un pot d'huile.

Ce fut enfin le tour de la cadette :

Saozouguduo'r descendit du lit et sortit.

Les trois soeurs, dans la cour, montèrent l'une après l'autre sur le grand jujubier. Elles versèrent l'huile qu'avait prise Menbi'r sur le tronc d'arbre,

Grand-mère loup restée seule au lit, attendit. Aucune des soeurs ne revint. Alors elle se leva, alla devant la porte et cria :

Menda' r répondit, sur l'arbre :

Le loup ne pensait qu'à les manger, il trotta jusqu'au pied de l'arbre et voulut y grimper. Mais le tronc était si glissant qu'il retomba. Il essaya dix fois, il retomba dix fois. Il dit enfin aux filles :

Menda'r lui répondit :

Grand-mère loup noua la corde en hâte autour d'elle. Après quoi elle dit :

Saozouguduo'r et Menbi'r hissèrent le loup jusqu'aux premières branches puis lâchèrent soudain la corde. Plaf! Le loup retomba par terre. Il se mit à gémir, en se frottant les os :

Menda'r lui dit :

Le loup n'avait qu'un désir: dévorer les filles. Il se rattacha malgré ses courbatures et cria: "Tirez fort! Cette fois, ne me laissez plus tomber. "

Les soeurs le rassurèrent, à nouveau le hissèrent. Quand il fut à la même hauteur, elles lâchèrent à nouveau la corde. Plaf! Le loup tomba par terre. Un ruisseau de sang lui coula du nez. Il ne gémit plus, il ne bougea plus.

Le jour allait se lever. Les trois soeurs descendirent de l'arbre et virent que le loup était mort. Alors elles rentrèrent chez elles, toutes contentes.

Version chinoise du " Petit Chaperon Rouge " dans le recueil: Contes populaires chinois. Shangaï (Chine), 1989

(Titre en chinois: Zhongguo TongHua)

Recueilli dans la province du Henan, par Zhang Zhenli, Wang Jinzhong et Hu Hangin

Traduit du chinois en français par Mademoiselle Gao Bin.