L'arbre à deux branches
Cette histoire indienne, qui peut être écoutée à notre coin audio, l'a
été par les enfants de l'école primaire de Murianette (38), en vue de
prendre contact avec la conteuse et son répertoire. A l'issue de cette
écoute, les élèves ont réalisé des dessins. Nous en avons choisi
quelques uns que nous avons insérés dans le texte de l'histoire. Une
manière d'établir des passerelles et d'impliquer, même ponctuellement,
des groupes.
Il était une fois un village. Au-dessus de ce village : une colline. En
haut de cette colline : un arbre à deux branches, couvertes de fruits.
Malgré cette abondance, la famine frappait depuis longtemps déjà. Ceci
parce que personne n'osait toucher à ces fruits: ils se ressemblaient
tous alors que certains étaient fruits de la vie, les autres fruits de
la mort. Rien ne permettait de les distinguer.

Au fur et à mesure des jours, un homme, se penchant sur le berceau de
son enfant, voit ce dernier perdre forces et couleurs et il comprend
que s'il ne tente rien, celui-ci va mourir. Un matin, alors que le
village est encore plongé dans le sommeil, l'homme prend le chemin de
la colline, atteint l'arbre, ferme les yeux et tend le bras vers les
fruits... Il en saisit un, le porte à ses lèvres, le croque et... il
sent le jus couler dans sa gorge, l'onctuosité le gagner et...

il comprend qu' il a
trouvé là les fruits qui portent la vie. Il cueille les bons fruits,
redescend vers le village, met un fruit devant chaque porte.
Dès lors, plus personne ne meurt.

Seulement voilà, un soir, les hommes se réunissent et discutent longuement... longuement...

Si
les adultes sont capables de discernement, les enfants le sont sans
doute beaucoup moins et le risque existe de voir un jour un enfant
grimper jusqu'à l'arbre et saisir un fruit qui ne lui sera pas
bénéfique. Ils décident d'agir. Le lendemain matin, de bonne heure,
tandis que le village est encore endormi...

... ils empruntent le chemin qui
monte, hache sur l'épaule, atteignent l'arbre, lèvent leurs outils et
frappent la branche mauvaise. Celle-ci ploie, puis tombe au sol.
Soulagés, ils redescendent au village.
Ils n'ont pas vu, parce qu'ils ne sont pas retournés, que l'autre
branche immédiatement s'était mise à pourrir et avait chu à son tour.
Sans la mort, la vie ne peut exister, sans l'obscurité, que peut être la lumière?
