Il était une fois, du temps où :
les sorcières vivaient dans notre monde
le monde pratiquait la magie
les souris savaient parler
les chats avaient la fonction de gardiens
les violettes donnaient lieu à un prénom
les arbres portaient des visages
Il était une fois une jeune fille brune aux yeux marron et qui répondait au prénom de Violette. Elle était douce, jolie et habitait seule dans une petite maison au sein de la forêt. Elle la connaissait bien et s'y sentait parfaitement en sécurité depuis toujours, depuis qu'elle avait été abandonnée par ses parents à l'âge de six ans parce qu'ils étaient très pauvres et n'arrivaient plus à la nourrir. La seule chose qui lui restait d'eux, c'était son prénom que sa mère lui avait donné parce qu'elle aimait bien les violettes. La forêt aurait sans doute paru effrayante à quiconque s'y serait aventuré mais ce n'était pas le cas pour Violette qui connaissait les visages de chaque arbre et qui traçait elle-même ses chemins sans avoir besoin de sentiers. Elle aimait la compagnie des nombreux animaux qui y vivaient et qui formaient pour elle une véritable famille. | ![]() |
Un jour qu'elle marchait sous la ramure des arbres, à la recherche de fruits rouges, elle fit la rencontre d'une femme vieille comme les pierres, au visage parcouru de rides et dont le nez était affublé d'une imposante verrue. D'abord, elle eut peur en raison de l'habit noir qu'elle portait et qui la faisait ressembler à un corbeau ainsi que ses yeux noirs qui semblaient la scruter. Cependant, la femme s'appuyait sur une canne et avait de grandes difficultés à avancer. De fait, quand la Vieille lui proposa de venir boire un thé chez elle et de lui tenir compagnie, Violette finit par accepter, presque de bonne grâce.
Elles marchèrent, marchèrent, jusqu'à ce qu'elles arrivent à la maison de la Vieille, blottie au fin fond de la forêt, dans une clairière où coulait un ruisseau. C'était une petite maisonnette en bois, avec des fenêtres étroites et une très grande porte. En y pénétrant, Violette entendit le bois grincer. Elle se mit à trembler et eut une envie de fuir irrépressible. Mais déjà, la Bonne Femme l'invitait à s'asseoir... Elles burent le thé, parlèrent... et progressivement, la discussion dévia sur Georges, le fils de la femme. Elle vanta ses qualités : il était grand, fort, portait des cheveux courts, avait des yeux verts; il était grand travailleur et surtout très très riche... La Vieille commença à suggérer à Violette de l'épouser : il s'occuperait bien d'elle, la protégerait... Mais ce qu'en disait la Vieille n'avait rien à voir avec l'apparence réelle de Georges. Lorsque celui-ci apparut, Violette découvrit un homme de petite taille, gringalet de surcroît, aux cheveux longs et emmêlés, gris. Violette n'avait aucune envie d'épouser Georges qui ne lui plaisait pas du tout! Elle disait préférer rester seule avec ses amis les bêtes. |
Violette remercia la Fée Rose et partit en quête des ingrédients dont elle avait besoin.
« Le Grand Mont » s'apercevait de très loin, aussi Violette n'eut-elle aucune peine à s'en approcher. Lorsqu'elle fut au pied de la montagne, la jeune fille comprit qu'elle allait devoir gravir ses pentes pointues et dénuées de végétation. Sur ses flancs : pas le moindre arbre, pas le plus petit sapin! C'était un paysage désolé qui s'offrait à son regard! De plus, elle distinguait une grande langue de glace en-dessous du sommet, sommet où se trouvaient les orties qu'elle cherchait... Elle parvint tant bien que mal au niveau de la langue de glace. Elle fronça les sourcils et plissa les yeux pour tenter de voir s'il n'y aurait pas un passage plus facile pour accéder au sommet. C'est alors qu'elle aperçut un oiseau, grand comme un rocher. Elle lui demanda de l'aider après lui avoir raconté son histoire. Il accepta à l'unique condition qu'elle lui rapporte à manger. Si tel n'était pas le cas, c'est elle, petite souris, qu'il mangerait toute crue! Elle frissonna un instant puis elle risqua : « Je ne te donnerai à manger que lorsque tu m'auras aidée ». L'oiseau acquiessa. Il l'invita à s'installer sur ses ailes et il la déposa quasi instantanément en haut du Grand Mont. Elle lui dit alors : « Je connais un très gros nid garni de beaux oeufs non loin d'ici ». Elle lui indiqua sans hésiter un endroit, mais ce que l'oiseau ignorait, c'est que c'était parfaitement au hasard. L'oiseau, qui n'était guère intelligent et qui ne comprit pas le subterfuge, fonça aussitôt dans la direction... La petite souris en profita pour ramasser à la hâte quelques orties puis elle se laissa glisser jusqu'en bas du Grand Mont, mais sur l'autre versant! Elle était maintenant devant un labyrinthe. Avec un peu de chance, l'oiseau ne pourrait pas la retrouver.
Violette entra dans le labyrinthe. Elle aperçut le gardien du lieu qui n'était autre qu'un chat dont le nom était le Chat Guetté. Il était imposant comme un géant, horrible en raison de ses dents qu'il avait grandes et il portait au flanc une très grosse épée. Violette eut d'autant plus peur qu'elle savait les chats friands de souris et n'en était-elle pas une, charmante certes, mais une tout de même? Elle devait se ressaisir et trouver une ruse. Déjà, le chat se pourléchait les babines... Violette prit ses minuscules pattes à son cou. Malgré ses efforts, bientôt, elle le sentait, le guetteur allait la rattraper... Cependant, dans sa précipitation de n'en faire qu'une bouchée, le chat perdit contre toute attente son épée. Violette se faufila dans le dédale du labyrinthe et parvint, à toutes pattes, près de l'objet qu'elle orienta de manière à ce que le soleil vienne le frapper. L'éclair qui s'en dégagea éblouit son poursuivant. Son aveuglement dura suffisamment longtemps pour permettre à Violette de s'enfuir, avec la fleur qu'elle cherchait. |
La fée lui avait demandé un dernier ingrédient, qui se trouvait dans la maison de la Sorcière. La Vieille dormait sur sa chaise. Mais... sa grenouille veillait. Il fallait donc trouver un subterfuge. Elle se souvint que les grenouilles aimaient les mouches. Elle imita alors la son de l'insecte et agita un petit caillou au bout d'une ficelle. La grenouille le confondit avec la mouche et le goba. Tandis que la grenouille, qui commençait à s'étouffer, essayait de le recracher, Violette s'approcha de la Sorcière endormie et lui arracha un cheveu, avec les dents, en veillant bien à ne pas lui faire mal pour ne pas la réveiller, puis elle s'enfuit rapidement par un trou... de souris!
Violette regagna la maison de la Fée Rose tandis que la Sorcière était fort occupée à corriger sa grenouille. La Fée prépara la potion avec les ingrédients demandés. Violette la but jusqu'à la dernière gorgée et redevint une jeune fille. Elle était si charmante qu'elle plut tout de suite au fils de la Fée qui accepta de bonne grâce qu'ils se marient.
L'histoire dit qu'ils eurent … beaucoup d'enfants!