Elle s’appelle Laurie, elle est jolie, souriante et elle vient d’entrer au CE1. On est tout juste à la rentrée.
Sur l'air de Isabelle des Poppys
Elle avait 7 ans, elle était belle, elle souriait
Elle venait d’entrer au CE1, ça lui plaisait
Elle aimait chanter, se promener et puis danser
Laurie tu es jolie, avec tes yeux qui rient, on t’aime
Aujourd’hui, c’est mercredi et elle va se promener près de la rivière en espérant trouver des champignons. | |
Elle entend alors un appel au secours. Après avoir hésité, elle s’approche et voit un garçon de son âge qui tente en vain de sortir son chien de l’eau où il est tombé. Il lui demande de l’aide. Laurie prend un gros morceau de bois et il parvient à sortir le chien de l’eau. | |
Les enfants se présentent : moi, c’est Madou, moi c’est Laurie, lui, c’est Caramel. Ils font un peu connaissance et s’aperçoivent qu’ils n’habitent pas très loin l’un de l’autre. |
Ils vont même à la même école. Madou propose à Laurie de venir chez lui prendre le goûter. Elle accepte mais avant passe chez elle prévenir sa mère.
Les deux enfants vont chez Madou où Laurie découvre des choses bien surprenantes : la maison est faite de planches et de tôles, elle a été construite par le père de Madou ; il y a des masques africains aux murs.
La maman de Madou, Mimida, porte un boubou.
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Il y a des tapis par terre… Madou lui fait découvrir le jeu de l’awalé.
Ils se séparent en se disant qu’ils se retrouveront le lendemain à l’école.
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Lorsque les enfants, chacun de leur côté, parlent de leur ami(e) en disant qu’ils sont un peu amoureux…, les mamans ont la même réaction : ils ne devront plus se voir parce que chacun doit vivre selon ses habitudes et on ne mélange pas les genres… | |
Les enfants ne comprennent rien, ils interrogent, ils protestent mais rien n’y fait : ils se retrouvent dans leur chambre respective ! Le lendemain, Madou et Laurie, qui n’ont rien dit concernant le fait qu’il fréquentent la même école, se retrouvent dans la cour. Madou donne un grigri à Laurie pour la remercier d’avoir aider son chien. Ils sont tristes tous les deux et ils décident de faire quelque chose pour que leurs parents changent d’avis.
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Nous, on a 7 ans, notre amitié s’est important
Mais vous nos parents n’comprenez rien c’est évident
On n’peut plus se voir tout ça parce qu’on est différents
Malgré toutes vos idées, nous on veut s’retrouver, quand même !
Madou possède une petite calebasse magique qui renferme un génie. Il va l’appeler. Seuls Madou et son amie pourront le voir : il sera invisible aux yeux des autres enfants.
Toc, toc, toc. Petite calebasse, grossit, grossit !
Fofo salem alicoum !
Et le génie apparaît. « Qu’ordonne mon maître ? »
Les enfants exposent leur problème et le génie dit qu’il va tenter quelque chose. Les habitudes des uns et des autres vont être bouleversées trois jours durant. Si au bout de ce temps les opinions des parents n’ont pas changées, il faudra le rappeler.
Puis le génie rentre dans sa calebasse : Salem alicoum fofo. Toc, toc, toc. Grosse calebasse, maigris, maigris !
De retour chez eux, quels bouleversements... |
Chez Laurie, ça sent la vanille et les épices, on mange par terre dans un plat commun avec les doigts, sa maman porte un boubou… | Chez Madou, les masques ont disparu des murs, Mimida porte un tailleur et des talons hauts et tables et chaises ont remplacé les tapis… C’est le monde à l’envers et les papas ne comprennent rien, d’autant que leurs femmes leur disent que c’est normal. |
Mais au bout de trois jours, lorsque les enfants demandent à se revoir, les mamans disent non !
A l’école, dans la cour, ils rappellent le génie.
Toc, toc, toc. Petite calebasse, grossit, grossit !
Fofo salem alicoum !
Et le génie apparaît. « Qu’ordonne mon maître ? »
Après qu’ils aient raconté ce qui s’est passé, celui-ci propose que les rêves des uns et des autres soient modifiés, et ce pendant trois nuits consécutives. Si ça ne marche pas, les enfants devront lui faire appel pour la dernière fois.
Et c’est vrai que lors des trois nuits qui ont suivi, chez Madou on a rêvé de voyages en France, de châteaux de la Loire et de hautes montagnes… Chez Laurie, on est partis pour l’Afrique, ses grands espaces et on a eu terriblement chaud… Aux petits déjeuners toutefois : quelle gêne pour évoquer ses rêves, sauf pour les enfants qui étaient ravis ! Et au bout de trois nuits, comme rien n’a changé… il faut rappeler le génie.
Dans la cour de l’école… c’est encore :
Toc, toc, toc. Petite calebasse, grossit, grossit !
Fofo salem alicoum !
Le génie apparaît. « Qu’ordonne mon maître ? »
Pas vraiment besoin de faire des discours : à voir la tête que font les enfants, le génie a compris…
Il demande à Laurie et Madou de se débrouiller pour entrer dans le bureau du directeur à 16h30 une fois tous les autres enfants partis et d’y attendre leurs mamans… A eux de trouver une solution pour les faire changer d’avis !
Puis le génie rentre dans sa calebasse : Salem alicoum fofo. Toc, toc, toc. Grosse calebasse, maigris, maigris !
Le matin même, les parents reçoivent une lettre identique : il s’agit d’une convocation dans le bureau du directeur pour parler de choses graves concernant leurs enfants !
A 16h30, deux mamans, l’une noire et l’autre blanche, attendent sans se regarder et sans s’adresser la parole devant la porte du bureau du directeur.
Les enfants ont trouvé une idée : Laurie s’est barbouillé le visage de cirage noir; Madou, lui, s’est badigeonné de farine blanche !
Ils font durer l’attente puis finissent par dire en prenant une grosse voix : « Entrez ! »
Les mamans ne voient tout d’abord rien ni personne dans la pièce puis apparaissent derrière le bureau, progressivement, deux têtes qu’elles reconnaissent : l’une est noire au lieu d’être blanche, et la seconde est blanche au lieu d’être noire.
Les enfants chantent d’une même voix en se tenant par la main et en regardant leurs mères droit dans les yeux :
Nous, on a 7 ans, notre amitié s’est important
Mais vous nos parents n’comprenez rien c’est évident
On n’peut plus se voir tout ça parce qu’on est différents
Malgré toutes vos idées, nous on veut s’retrouver, quand même !
Puis ils passent devant leurs mères, ouvrent la porte et sortent !
Que s’est-il passé alors ? Personne ne saurait dire si les enfants seuls avaient réussi ou si le génie les avait un peu aidés… Les mamans ont esquissé un sourire… Et, ce soir-là, sur le chemin du retour, il y a deux enfants qui se tiennent par la main : l’un est noir, l’autre est blanc, à moins que ce ne soit le contraire…
A l’arrière, deux mamans marchent côte à côte sur le trottoir : l’une est noire, l’autre est blanche… |
Les enfants sont des jardiniers. Quand le cœur est grand, même quand on est petit, on peut semer des graines qui germeront dans l’esprit des grands. Il ne faut cependant pas manquer de patience et s’occuper de ce jardin jour après jour pour que la vie soit couleurs et saveurs !