Les trois petits cochons


Voilà une version traditionnelle d'un conte bien connu qui peut surprendre, parce que la chute n'est pas forcément celle qu'on attend. Elle mérite intérêt. Racontée au printemps 2008 à Grenoble aux enfants du groupe scolaire Jean Macé et quelques uns de leurs parents, mais aussi à la grande section de l'école maternelle Méaris Sac de Vif, elle a été illustrée par les élèves. Merci à eux!

Il était une fois trois petits cochons qui un jour quittèrent leur maison, peut-être parce que leur mère n'avait plus de quoi les nourrir, peut-être tout simplement parce qu'ils étaient devenus suffisamment grands pour s'en aller... A la croisée de trois chemins, ils se séparèrent : le premier prit le chemin de droite, le deuxième celui de gauche et le dernier continua tout droit. Sur le chemin de droite, le premier cochon rencontra un homme qui poussait devant lui un ballot de paille. Il l'acheta pour s'en faire une maison.

Sur le chemin de gauche, le deuxième cochon rencontra un homme qui portait sur ses épaules un lourd fagot de bois. Il l'acheta pour s'en faire une maison.

Sur le chemin qui filait droit devant, le troisième cochon rencontra un homme qui transportait des briques dans une brouette. Il acheta les briques pour s'en faire une maison.




A la lisière de la forêt toute proche guettait le loup. Il lorgna les trois frères, passa la langue sur ses babines et...

Il s'engagea sur le chemin de droite. Arrivé à la maison de paille, il frappa à la porte, se présenta comme le plus proche voisin et demanda à entrer. Le cochon refusa. Le loup alors souffla, souffla, la maison s'envola, il sauta sur le cochon et le mangea.



Il se frotta la panse et choisit d'aller sur le chemin de gauche. Arrivé à la maison de bois, il frappa à la porte, se présenta comme le plus proche voisin et demanda à entrer. Le cochon refusa. Le loup alors souffla, souffla, la maison s'envola, il sauta sur le cochon et le mangea.


Il se frotta longuement le ventre, arbora un sourire satisfait et fila sur le chemin tout droit. Arrivé à la maison de briques, il frappa à la porte, se présenta comme le plus proche voisin et demanda à entrer. Le cochon refusa. Le loup alors souffla, souffla, souffla encore et encore... sans que le maison ne s'envole.




Il réfléchit et proposa au dernier cochon d'enterrer la hache de guerre : le lendemain, il pourraient aller ensemble déterrer des navais pour en faire une soupe qu'ils partageraient. Le rendez-vous fut donné à 6 heures. Le lendemain, lorsque le loup arriva et frappa à la porte de la maison de briques, il était juste 6 heures, mais le cochon lui dit qu'il s'était levé plus tôt, qu'il était allé au champ de navets, qu'il en avait déterrés et qu'il était en train de préparer la soupe qu'ils pourraient déguster dès qu'elle aurait fini de mijoter...
Le loup grogna dans sa barbe mais reprit ses esprits sur un ton "détaché" en disant que somme toute il n'aimait pas les navets et qu'il préférait les pommes. Il proposa donc au cochon d'aller avec lui en cueillir au verger le lendemain plus tôt. "A 5 heures?" demanda le loup. "A 5 heures!" répondit le cochon.

Le lendemain, le cochon se leva plus tôt que la première fois, il se rendit au verger mais il neut pas le temps de rentrer au logis avant 5 heures : le loup avait été prévoyant et s'étant levé plus tôt, il arrivait d'un bon pas sur le chemin... Le cochon, perché sur un pommier, souhaita la bienvenue à "son nouvel ami", lui dit qu'il avait voulu lui faire surprise et que... bref, les pommes étaient délicieuses et il allait pouvoir en juger : il lui en envoya une qui se mit à rouler, à rouler... tandis que le loup tentait de la rattraper, le cochon descendit hâtivement de son perchoir et regagna à toutes pattes sa maison.


Lorsque le loup se rendit compte de la supercherie, il maudit ce cochon qui finirait bien par se retrouver d'une manière ou d'une autre dans son ventre. Il ravala sa hargne, alla à la maison du cochon et proposa à celui-ci de se rendre le lendemain à la foire. Rendez-vous serait donné à 4 heures. "Très bien, fit le cochon, comme ceci j'aurai le temps de préparer la tarte que nous mangerons à notre retour!"
Le lendemain, le cochon s'était levé encore plus tôt que les deux premières fois, bien avant 4 heures du matin. Il avait eu le temps d'aller à la foire, d'y acheter un tonneau et était sur le chemin du retour lorsqu'arrivé en haut de la colline, il vit... le loup... qui marchait d'un bon pas dans sa direction. Aussitôt, il entra dans le tonneau vide qui bascula et se mit à dévaler la pente. Le loup eut juste le temps de s'écarter du chemin pour ne pas être écrasé. Comme il arrivait en haut de la colline, encore tout commotionné et reprenant son souffle, il se retourna et vit un filet de fumée qui s'échappait de la cheminée de la maison de briques. Il comprit que le cochon y était, sentit la colère monter en lui, fit demi-tour et alla frapper à la porte de ce dernier, lui demandant où il était passé et lui racontant sa mésaventure avec le tonneau. Aussitôt, le cochon se mit à rire, mais à rire, disant entre deux hoquets qu'il s'était lui-même glissé à l'intérieur de la barrique pour éviter de le rencontrer!



C'en était assez : le loup se dit que cette fois-ci, il allait le manger, comme cela aurait du se produire depuis longtemps dans cette histoire! Il fit mine de s'en aller mais... il s'approcha de la maison et fit tout son possible pour ne pas faire de bruit en grimpant sur le toit. Le cochon avait l'oreille fine... il prépara son plan : il mit de l'eau dans un chaudron qu'il pendit à la crémaillère, dans l'âtre; il posa dessus un couvercle pour que l'eau chauffe plus vite, puis il attendit... Quand il vit des grains de poussière tomber du conduit de la cheminée, il enleva le couvercle, se tint prêt et comme le loup ne put contrôler sa chute et tomba directement dans le chaudron, le cochon s'empressa de remettre le couvercle qu'il scella solidement.
Le loup fut bouillu mais pas foutu : le cochon s'en régala ce jour-là et eut la peau du ventre bien tendue!




Moi, j'étais là, sous la table, mais je n'ai reçu que des os et quelques coups de pied. Ce fut un frugal repas, pour moi...!