RACONTER

http://www.ac-grenoble.fr/lycee/jacquesprevert.fontaine/

2010


I- ELEVES CONCERNEES et INTERVENANT(E)S :

Les élèves sont issues des formations suivantes : agent polyvalent de restauration, métiers du pressing, maintenance et hygiène des locaux. Donc, il ne s'agit pas d'une classe en particulier mais de sections différentes. De fait, la dynamique de groupe n'est pas du tout instituée et l'absentéïsme est une donnée non négligeable. Dix élèves sont susceptibles de suivre cet atelier.

Les intervenant(e)s :

Nelly Giriat :


enseignante
 Sandrine Battail :



documentaliste
Véronique Pédréro :



conteuse
Yvon Vernotte :


 
photographe

II- DEROULEMENT DU PROJET : il a comporté 5 rendez-vous de mars à mai.

-1- Atelier du 30/03 : mise en contact(s) et approche mémorielle.

Il s'est déroulé selon les étapes suivantes :
* Racontée d'un conte inventé par Camille, une élève de CM2 de l'école publique de Millery (69), avec quelques petits ajouts pour préciser la logique du récit et l'étoffer : Les trois voleurs et le coffre d’or

Une manière pour la conteuse d'entrer en contact avec le public, de se présenter et de proposer immédiatement un saut dans l'imaginaire.

* Présentation : échanges et discussion par binôme avec retransmission orale des éléments retenus.

* Travail sur la trame du récit entendu, à partir de ce que les élèves en ont retenu : repérage des personnages, de la situation problématique, des épreuves traversées, des rencontres faites, des lieux traversés etc...

On remarque que la mémoire s'appuie, selon les individus sur les images qui se sont inscrites en soi (visualisation), sur les intonnations qu'a données la conteuse au cours du récit et qui ont imprimé la sphère auditive, sur le corps (les élèves se servent de gestes pour tracer l'histoire et inviter les mots). 

* Repérage d'autres éléments comme les formules d'entrée et de sortie du conte, les ritournelles employées... Il s'avère que les élèves ont suivi des ateliers d'écriture avec Michèle Brun et ont écrit des textes. Certains passages peuvent avoir leur utilité dans un passage à l'oralité. Jugez-en plutôt :

Formules d'introduction des histoires

C'était du temps où ...

les arbres étaient si hauts qu'ils touchaient les nuages

des pluies diluviennes avaient creusé des rigoles sur les pierres

les loups se mettaient à table devant une cheminée

les maisons pouvaient être perchées sur les nuages

les enfants passaient leur temps à jouer à cache-cache

on pouvait voler sans avoir à déplier des ailes

les larmes étaient de petites boules de perles salées qui roulaient sur les joues

on portait attention aux choses minuscules


C'était bien avant que le désert soit sable, du temps où les montagnes étaient si hautes qu'on ne pouvait pas en apercevoir le sommet

Formules de conclusion des histoires

La douce chaleur du soleil m'a réveillé(e) et mon rêve s'est estompé

Dans mon sac il y a des milliers d'étoiles que je lance comme des milliers de mots

Le vent s'est levé et a déroulé une tempête puissante comme une vague, une tempête qui m'a emportée jusqu'à vous pour vous conter l'histoire

Ce qui m'a parlé, c'est la pluie qui a tambouriné sur les carreaux, dehors

-2- Atelier du 28/04 : 

Comme la racontée par les élèves du lycée Louise Michel n'a finalement pas pu avoir lieu, nous avons opéré autrement pour cette matinée. D'abord, la "contrice" (dixit une élève) a emmené les élèves sur "les sentiers" du parc du lycée, avec des pauses contes au coin d'une fontaine ou au pied d'un arbre. Une manière de montrer que les histoires se nourrissent des espaces qu'elles investissent.

Vous pouvez retrouver les contes dits au coin contes de notre site :
* Le prince grenouille
* Pourquoi seuls les moustiques femelles piquent ?


Nous avons poursuivi notre périple au pays de nos imaginaires en restant dehors, sous la ramure des arbres et c'est là que les personnages et lieux des histoires entendues ont pris corps, chacune ayant en tête une princesse, un château, une grenouille ou un roi différents. Voilà bien la magie des contes, non?

Qui pense fontaine dit :
* une eau verte, avec des nénuphars

Qui pense grenouille dit :
* une qu'on ne voit pas mais qui croasse, une dont on n'aperçoit que les yeux et qui se cache derrière des plantes, une qui se perche tout en haut pour surveiller qui vient
* verte, bleue, rose
* qu'on peut prendre dans une main, qu'il faut deux mains pour la tenir
* haute comme trois pommes, mais ça varie en fonction de la grosseur des pommes

Qui pense princesse dit :
* blonde à cheveux raides, blonde avec des bouclettes, brune avec des anglaises
* une robe : à cerceaux, bouffante, chamallow, rose
* une tête : de peste, avec un sourire en coin, un regard qui tue
* une couronne : avec des diamants, un diadème, lourde
* des souliers : en verre, avec des talons aiguille, qu'on ne voit pas parce que la robe est très longue

Qui pense chemin qui relie la fontaine au château dit :
* sentier qui se tortille
* grand espace découvert
* parc arboré
* un chemin parsemé de pétales de roses

Qui pense château dit :
* si haut qu'il gratte les nuages
* noir, en or, blanc
* licornes à la robe blanche
* avec une porte en or, en bois
* un hall d'entrée gigantesque, une entrée toute petite où on atteint immédiatement les escaliers, une coupole avec des tableaux

Qui pense escaliers dit :
* en bois clair, cirés, raides

Qui pense prince dit :
* avec des muscles

Qui pense salle de restauration dit :
* une table si longue que le roi qui se tient au bout parait tout petit

Les jeunes filles se sont servi de leurs mains pour trouver le chemin des images. Un atelier d'arts plastiques pourrait permettre de prolonger cette recherche, autrement. Mais... ce n'est pas prévu, dommage!

Nous avons eu la visite de Frédérique Teyrasse de Radio Fontaine qui nous fera un petit retour sur les ondes radio, nous l'espérons, prochainement.
http://radiofrancaise.blogspot.com/

-3- Atelier du 5/05 : 

Nous n'avons pas pu être dehors cette fois-ci en raison de la pluie mais cela n'a nullement dérouté nos esprits qui se sont empressés de se replonger dans nos imaginaires! De plus Yvon nous a rejointes et a pu faire quelques clichés. Pour l'instant, nous n'avons pas toutes les autorisations pour l'utilisation des images d'élèves; c'est pourquoi elles n'apparaissent quasiment pas.

* Dans un premier temps, nous nous sommes retrouvées autour d'une table pour redire en quelques mots la manière dont les ateliers précédents s'étaient passés afin de mettre dans le coup les nouvelles venues.

* D'abord, puisque deux jeunes filles nous ont rejoints, l'accès aux ordinateurs leur a permis de découvrir la page rubrique consacrée au projet sur le site de Poussières d'Histoires et de voir que certains des éléments émanant d'elles y figurent.


* Nous avons ensuite gagné l'espace cocooning affectionné par les élèves et nous avons entrepris de retrouver le(s) chemin(s) de l'histoire du Prince Grenouille en y insérant les éléments descriptifs trouvés la fois d'avant.
Nous avons cherché à dire la manière dont la grenouille du conte se déplace : elle saute en faisant des bonds. Et comment elle frappe à la porte :
à la porte elle a fait toc toc toc
à la porte elle a fait croa, croa, croa
trois fois croa
pas trois fois trois

La princesse est devenue "chochote chinini", avec chaussures à talons hauts et robe baleinière. Nous commençons à entrevoir la peste que cela est!

* Nous avons changé d'espace d'élucubrations : une porte et des tentatives pour prévoir des entrées en matière des histoires. A la main un parapluie, noir ou rose. Un chaise. Debout ou assise(s).


* Ceci nous a conduites à pousser des portes et des portes, des portes de ce château en accumulant les étapes dont il fallait se souvenir : un imbroglio de passages et de lieux aux atmosphères particulières. Jugez-en plutôt :



-4- Atelier du 12/05 : 

Nous avions envisagé, la semaine précédente, de dresser les plans de cette bâtisse, voire de tenter de la représenter en espace et volumes, munies de ciseaux, papiers-cartons et colle, et pour ce faire, nous avons changé d'espace en investissant une salle de classe modulable. Mais d'abord, avec une nouvelle participante, il a fallu refaire le trajet encore en tête, en mots :

Nous avons ensuite listé le nombre de portes franchies lors de cette déambulation imaginaire :

Puis nous nous sommes emparées du matériel pour représenter :

* certaines portes
* la princesse Peste

Tables bougées, recomposition de l'espace, recherches dans des magazines, montages; le tout de manière active. Tandis que la conteuse ne peut pas s'empêcher de tirer le fil d'une histoire : "Bon Sel", une version catalane de Cendrillon. 

  

Voilà les réalisations bien à l'abri au-dessus d'un placard. Mais que ferait-on la semaine suivante? Pour le savoir, tendez l'oreille à la discussion qui se tramait. Si vous y parvenez...



-4- Atelier du 19/05 : 

Nous sommes d'abord allés au CDI pour regarder les avancées de la rubrique consacrée au projet sur le site de Poussières d'Histoires.

Nous avons ensuite construit en partie une gestuelle comune pour un conte de randonnée entendu par Véronique dernièrement  : "La maison du petit bonhomme". Et hop, tout le monde sur ses pieds et c'est parti pour... rigoler?... se ridiculiser?... Essayons et trompons-nous allègrement en toute impunité!

Puis sont venus nous rejoindre deux jeunes de l'équipe en charge du journal du lycée pour faire un petit "reportage". Des questions qui appellent des réponses... mais pas forcément celles qu'on croit.

Quelles sont les classes concernées? CAP APR, MHL et MDP.

Qu'avez-vous fait? On a raconté des histoires et utilisé des gestes. On a écouté des histoires dans différents cadres (extérieur, CDI). Travail sur la mémoire.

Quelles qualités faut-il avoir pour être conteuse? De l'imagination, de la mémoire, ne pas avoir honte des personnages que l'on joue, être attentif à son public.

Depuis combien de temps faites-vous ce métier? J'ai commencé dans les années 80 et je suis devenue professionnelles depuis 1995.

Quels sont vos auteurs préférés et pourquoi? Un conteur raconte des histoires traditionnelles sans auteur(s) particulier(s).

Ensuite : émigration du groupe vers la salle de classe pour montrer aux garçons les travaux de la semaine précédente avant d'entamer un petit viron côté impressions à partir de :

* petites choses à manger pour affûter les papilles

* objets pour r-aviver les souvenirs

Le tout, yeux fermés, pour que joue le hasard... 

Quand on goûte, ça provoque des réactions : plaisir, surprise, plissement d'yeux, petites inquiétudes...
Les objets qu'on a fait tourner :

* une bogue de châtaigne
C'est devenue, entre autre, un hérisson, un nounours
* un gant en dentelle
On a pensé à une mariée, à une dame des temps anciens
* un filet
Pour y glisser le linge à laver, pour pêcher (des rêves?)
* un chouchou
Comme ceux que portent les fillettes coquettes
* une marionnette : une Indien des collines?
La séance s'est achevée par un petit temps de conte avec accordéon, histoire d'être dans le timing : "La Pierre". 


III- BILAN des différents projets qui ont concerné les élèves des trois sections.

Le mercredi 26 mai au matin, la rencontre-échange s'est faite au CDI : un grand cercle, l'investissement des grilles d'expo et le cadre est donné pour évoquer les expériences vécues par les lycéen(ne)s.


Nous avons entendu des textes, avons eu un aperçu de ce qui s'était passé ici et là. Avant de se séparer, un petit grignotage convivial avec sourires à la clef!