Et si on racontait des histoires... : un projet sur l'année 2009-2010



Le  projet avec la classe de 6ème1 du collège est engagé et vous pouvez suivre au fur et à mesure les apports de nouveaux documents qui se feront au fil des étapes.


I) LES PARTENAIRES :

- 1- Le collège Jean Vilar à Echirolles (38) : 

http://www.ac-grenoble.fr/college/jvilar.echirolles/
Véronique était déjà intervenue auprès d'élèves de ce collège pour raconter dans le cadre du projet "Chaperon Rouge" intitié par la Maison des Ecrits de la ville.

Un véritable partenariat s'est établi pour cette année, avec un engagement plus long (article paru dans "cité Echirolles" Février 2010).
Une classe : la 6ème1



Les élèves ont réfléchi à une manière de se re-présenter, chacun(e), et voici ce que ça donne :

-2- Une équipe :

* Une enseignante de français : Fatima Lachter

* Une documentaliste :  Edith Caillaux

* Un coordonnateur du Réseau d'Education Prioritaire d'Echirolles ou Réseau Ecoles-Familles : Nicolas Buzaré

* Une conteuse : Véronique Pédréro

* Un photographe : Yvon Vernotte

-3- Des financements :

Après avoir été étudiés, les voilà accordés! C'est le feu vert.

II) LES ETAPES DU PROJET :

-1- Bain d'histoires : Une phase indispensable!

- A la découverte de l'univers des contes : lectures, CD et sites internet.
Elle s'est faite dès la rentrée avec Fatima  Lachter, enseignante et  Edith Caillaux du CDI de l'établissement

Des sites à visiter, des contes à écouter, partiellement ou en intégralité :
http://aliceduffaud.buzzkompany.net/
http://www.andrelemelin.com/spectacles/josgallant.html#extraits
http://www.aural.free.fr/contes_dits/periode_8/periode_8.htm
http://www.contes-de-sagesse.com/
Vous pourrez retrouver des textes à notre rubrique "contes"  et écouter des histoires à notre coin audio. Ce matériel "virtuel" est à la disposition de l'équipe enseignante et des élèves.


- Racontée de lancement : elle a eu lieu le 24 septembre dans une salle attenante au CDI, autour d'un répertoire traditionnel.
Les contes re-transmis ce jour-là ont été :
* Bon Sel (version catalane de Cendrillon)
* Extrait du genévrier (Grimm)
* Jeannot et Margot (Grimm)


         photos : Yvon Vernotte

- Rencontre avec la conteuse post racontée : elle s'est tenue le 1er octobre dernier.
Immédiatement après la prestation, les élèves avaient noté des remarques, des questions. Les quelques jours qui ont précédé l'échange ont permis de prendre un peu de recul et de mieux cerner les rouages de la racontée. Ils ont relevé, entre autres choses :
* que plusieurs histoires avaient été entremêlées
* qu'il n'existait pas une version mais plusieurs parmi lesquelles le conteur pouvait faire des choix, voire des croisements
* la part du conteur : postures, tons, volumes sonores, utilisation de la musique et des chansons, rythmes, regard(s)

-2- Les rouages des contes : un repérage pour mieux comprendre l'incontournable et ce qui est du ressort du conteur.

Les élèves en ont approché la compréhension et le repérage et ce travail s'est poursuivi jusqu'à la Toussaint..

-3- Le choix  : trouver une histoire qui plait et qui touche.


Il s'est fait un peu avant les vacances de Toussaint. Ce sont des choix personnels. Après avoir récupéré les textes de ces contes, la conteuse en a relevé  liens et logique, repérerant les trames des récits afin de disposer du matériel nécessaire pour aborder la phase suivante.

Livres dont les contes ont été extraits



-4- En route vers le Dire :


Ce cheminement, proposé sur la base d'une approche qui oscille entre classe entière et demi-classe, a débuté en novembre et il s'achevera en mars.

* Les ateliers du 12 et du 19/11 : ils se sont déroulés au CDI et dans la salle attenante. Un espace agréable qui permet aux élèves de disposer de petits coins pour travailler.
Nous avons démarré avec l'ensemble de la classe pour nous appuyer sur une attitude active et responsable de chaque élève.
Les jeunes ont fonctionné en binômes :  re-lecture de l'histoire de l'un(e) d'eux puis détermination de la trame de l'histoire.
Est ensuite venu le temps de re-donner cette trame devant un petit groupe d'élèves afin d'en mesurer la pertinence.
Nous sommes allé(e)s au bout de cette première phase.
Pour retrouver la trame de chaque histoire, cliquez sur son titre :


Le photographe





La grotte des djinns





La soupe au caillou


Broum Pristoche




Ali le paresseux

         








La fille de l'hiver

Les lutins et le cordonnier



Les 7 ogresses et les 41 voleurs


Le joueur de flûte

Les enfants chassés



Le fiancé






La colline au serpent




L'intelligente fille du paysan





Le lièvre et l'éléphant



Le lièvre et le singe





Malice et l'âne qui chie de l'or



Le loup et les chevreaux



La chèvre et le loup






La jeune fille avisée



Le diable et l'ermite
La souris changée en fille
Le fils de Soizic


* Les ateliers suivants et ce jusqu'au 4/02 prochain : ils permettent aux élèves de s'emparer progressivement des récits, de les faire leurs. Ils tâtonnent en ce moment pour trouver ce qui sera leur manière de dire les histoires qu'ils ont choisies. Parfois, ils touchent du doigt des composantes de ce qui fait le "Dire", parfois, ils se raccrochent à du "Par coeur", parfois encore ils éprouvent des difficultés à être constants, se découragent ou au contraire ont des déclics... Pas de linéarité et de similitude d'un parcours à l'autre.

Nous sommes parti(e)s, afin d'en avoir une représentation "concrète", made in cinéma :
- en quête des univers traversés
- à la rencontre des personnages : leurs physiques, leurs caractères, leurs intentions, leurs voix, leurs manières de se mouvoir etc...
- à la fouille des émotions que procurent les contes
Les élèves se coltinent concrètement à ce que sont les questions comme : le rythme, la présence (le rôle de la voix, du corps), la maîtrise du récit dans la durée, la compréhension de sa logique etc...
Nous mettons l'accent sur la notion de participation active pour l'ensemble des élèves, tantôt conteurs, tantôt auditeurs. Après chaque passage de l'un d'eux devant ses pairs, le jeune fait le point sur ce qu'il retient de la manière dont il a conduit sa racontée : a-t-il mené à bien ce qu'il avait prévu? A-t-il oublié des éléments de l'histoire ou non? Comment s'est-il senti face aux autres? Que pourrait-il améliorer pour rendre sa proposition plus attractive, plus vivante et plus personnelle ? Ensuite, c'est au tour de ceux qui ont écouté de faire part de leurs remarques, suggestions etc... ceci dans l'optique d'aider celui qui vient de se produire à avancer, à progresser.


Portrait : Stéphanie Doucet
Notre ami de longue date Yvon Vernotte est venu deux fois depuis décembre faire "quelques" clichés des jeunes pris sur le vif en pleine(s) recherche(s)...
Un homme du tonnerre!



Et voilà un "enchaînement" qui nous a ravi(e)s! Jugez plutôt : c'est dans le corps qui parle, qui fait sensations et mémoire... que s'écrit le fil de l'histoire.


Progressivement, certain(e)s jeunes font montre d'accompagnement et d'entre-aide à l'égard d'autres élèves et de petits groupes commencent à se constituer autour d'un travail en autonomie partielle. Quel bonheur et quelle envie de les encourager!


Petit à petit, le plaisir de raconter, de s'essayer à... est visible. Les photos laissent entrevoir des regards, des sourires ... nés probablement déjà des essais "en coulisses" avant d'être en jeu devant les autres.
Petit à petit aussi, l'intérêt et l'écoute portée à l'autre que soi-même est perceptible, même si ce ne sont pas toujours des choses évidentes de premier abord et aisément intégrées dans la durée.


Jeudi 14 janvier, de nouvelles consignes étaient introduites : intégrer les formules d'introduction et de conclusion propres à chaque histoire, prendre conscience de sa manière d'entrer et sortir de l'espace de jeu... Et nous avons même pu constater que l'idée de considérer son public comme un véritable partenaire, avec des échanges, commençait concrètement à s'inscrire dans l'approche faite par des élèves. A charge maintenant eux de commencer également à réfléchir à la manière dont ils s'habilleront le jour de la retransmission, parce que quand on est en jeu, c'est pas comme dans la vie!

Jeudi 28 janvier, le travail a été revu afin de recadrer les choses et de faciliter les engagements des jeunes. La conteuse, épaulée par la documentaliste, a pris en charge une dizaine d'élèves pour les entendre jusqu'au bout de leurs récits, sans interruptions majeures, avec un échauffement du corps et de la langue proposé par petites tranches. Le CDI est devenue, une fois n'est pas coutume, un terrain d'exercices. Nous avons poursuivi selon cette formule, le groupe dans son entier ayant des difficultés à se mobiliser. Dire, redire, réexpliquer, recommencer : impossible d'en faire l'économie.

Comme la date du 11 février approchait, une séance supplémentaire a été rajoutée : le lundi 8/02 avec les élèves devaient se produire le jeudi de cette semaine-là. Un moment consacré à :
* s'échauffer
* faire le fil de la retransmission
* raconter en situation



* Des prolongements en classe : Fatima Lachter, la prof de français, a abordé ce qui a trait aux formules qui permettent d'introduire et de conclure le temps des histoires. Ces formules sont utilisées pour différencier la parole du conte de la parole de la vie quotidienne et elles servent, pour celles qui concernent le démarrage des récits, à plonger les auditeurs dans l'univers de l'imaginaire.
Voici celles que les élèves ont inventées :
Des phrases pour ouvrir les contes Des phrases pour clore les contes
L'oiseau s'est posé, mon conte va commencer.
Quand le conte commence, fermez les yeux et imaginez!
Le renard vient me voir; il est temps de commencer mon histoire.
Ouvrez vos oreilles, le conte va commencer!
Le diable va arriver; le conte va commencer.
Fermez les yeux, imaginez un soleil tout orange. Mon conte est africain.
Mon conte est terminé; l'oiseau s'est envolé.
Le conte est terminé. Ouvrez les yeux et applaudissez!
Le renard s'en est allé; mon conte est terminé.
Bouchez vos oreilles : mon conte est fini!
Le diable est parti, mon conte est fini.
Le soleil s'est couché, mon conte est terminé.

Elle a fait travailler les élèves sur les composantes inhérentes aux contes : portraits, comparaisons, commentaires, repérages, l'expression orale (canevas, formules, voix, gestes, regard...).
C'est aussi l'occasion de préciser le vocabulaire qu'on peut trouver dans les histoires, de définir le sens de certains mots avec lesquels les jeunes ne sont pas forcément familiarisé(e)s.

* Des phrases rituelles :
Pas un bonhomme de neige comme le font les enfants avec des boules de neige, des bâtons, des cailloux pour les yeux.
Elle avait des jambes avec des chaussures au bout.
Oh toi le Puissant qui souffle si fort et qui pousse les nuages...
Oh toi le plus Grand qui empêche le vent de souffler... Veux-tu épouser ma fille?

* Le mode de retransmission du travail s'est progressivement précisé et défini au fur et à mesure du projet. Nous avons convenu deux dates :
     le jeudi 11 février, avec comme public des enfants de CM2 de l'école primaire Jean-Paul Marat à Echirolles. La moitié des élèves ont raconté. Les enfants de primaire attendaient les collégiens qui leur avaient rédigé une lettre afin de les avertir de leur venue. La veille, l'institutrice et la conteuse ont installé la salle de musique de l'établissement afin que tout soit prêt le jour J. C'est ainsi qu'elle a pris des allures de salle de spectacle, avec projecteurs et rideaux noirs. Le matin-même, la conteuse est allée voir les CM2 pour leur re-préciser la manière dont les choses allaient se dérouler, et ce qu'on attendait d'eux.

Puis sont arrivé(e)s les collégien(ne)s ...

le temps pour certain(e)s d'attendre, de faire montre de patience


le temps pour les autres de se préparer à dire leurs textes, de se mettre dans le bain et de gérer leur stress

Un conducteur avait été établi, avec ordre de passage et consignes pour les places occupées par les conteurs en attente, la manière dont ils devaient se passer le relais. Le tout lié avec des intermèdes à l'accordéon. Une homogénéïté dans les couleurs de vêtements avait été demandée, afin de faire corps et se contribuer à ce qu'ils se sentent en représentation.







Nous espérions bien que les enfants de CM2 nous feraient part de leurs réflexions a posteriori, sachant qu'un échange avait déjà eu lieu juste après la racontée du 11 février, et qu'ils nous enverraient des dessins. Et oui, les dessins sont arrivés! Et les collégien(ne)s ont fortement apprécié retrouver les histoires par ce biais-là. Ils ont eu beaucoup de plaisir à les découvrir.

     le lundi 8 mars de 10h à 12h, avec un échange avec la classe de TSCCA du lycée Louise Michel à Grenoble avec lequel la conteuse est engagée sur un projet sensiblement analogue. Il y aura des histoires racontées par des élèves des deux classes. Pour préparer les élèves qui raconteront à ce moment, un atelier a été rajouté le jeudi 4 mars au matin.
Un nouveau conducteur, de nouvelles modalités et un programme bien chargé!


III) UN BILAN NECESSAIRE ET UTILE :

Nous l'avons effectué le jeudi 18 mars au CDI, à partir des réflexions personnelles faites par les élèves en amont de ce moment, sur la base de questions élaborées par la conteuse et la prof de français. Deux temps sucessifs qui ont permis aux élèves de repenser aux différentes composantes du projet et de renvoyer à l'équipe qui l'a mené d'entendre leurs points de vue. Indispensable pour tout un chacun et en vue de montages d'autres ateliers dans le futur. En voilà les principaux traits :


* Les élèves ont apprécié de travailler au CDI. C'est un bon endroit : il y a de la place et plusieurs petits coins pour s'entraîner à l'oral.
* Ils pensent qu'ils ont bien choisi leur conte. Mais, ils auraient préféré le faire à plusieurs parce que c'est plus amusant. Ils ont bien aimé les séances de travail en demi-groupe, mais à leurs yeux, c'était trop court. Ils ont aussi apprécié de travailler en petits groupes pour échanger des conseils. D'autres ont préféré écouter les contes pour voir comment les camarades évoluaient sur scène.
* Des élèves n'ont pas aimé travailler en classe entière à cause du bruit et du manque de concentration. Beaucoup ont été effrayés de passer l'oral surtout devant les lycéens. Dans le projet, les élèves ont trouvé que c'était difficile de retenir une histoire pour la raconter devant un public.
* L'atelier conte a appris aux élèves de prendre confiance en eux et d'affronter un public. La rencontre avec les lycéens leur a permis d'échanger leurs histoires et de passer un moment agréable.
*
Au moment de la racontée, les élèves ont ressenti de la peur et de l'angoisse à l'idée de se tromper, en tant que conteurs. Mais, entant que public, ils ont été contents d'écouter « les autres conteurs »et de se rendre compte qu'ils avaient les mêmes angoisses qu'eux.


IV) DES PROLONGEMENTS : 

* L'idée d'imaginer une expo photos au CDI de l'établissement a cheminé. Vu l'implication de notre ami Yvon qui a réalisé un nombre incalculable de clichés, nous disposons d'une matière phénoménale! Ce serait dommage que tout ça reste dans l'ombre. Ainsi avons-nous prévu que cette exposition ait cours du 25/05 au 18/06/2010.
Pour l'annoncer et inviter élèves et personnel du collège à venir la voir, les jeunes de la 6ème 1 prépareront des affiches qui ont été disposées à différents endroits de l'établissement.

* Certain(e)s élèves ont dû raconter lors d'un temps de rencontre et échanges avec des collégiens du même établissement qui ont travaillé sur le théâtre, le jeudi 24/06/2010.

V) LA PRESSE et les MEDIAS :

Des articles parlent de ce qui s'est tissé au fur et à mesure du projet, dans le Dauphiné Libéré et dans la revue de la ville, "Cité Echirolles". Une manière pour nous de donner à voir un projet qui pourrait rester à l'interne.
Nous espérions arriver à avoir un petit reportage avant la fin de l'année de la part d'une radio locale mais ça n'a pas pu se concrétiser.